Voici mon récit pour le tri de Deauville, édition 2021… Laurent VS Laurent
Petit flash back 2020
En Mai 2020, à peine sorti du premier confinement, je confirme ma participation au tri de Deauville prévue en Juin mais reportée sur Septembre. Je suis blessé au talon gauche depuis plusieurs mois, je me remets au vélo, les piscines sont fermées depuis 3 mois…. Mais je confirme ma présence sur ce Tri tout de même… j’ai pensé à tous mes ami(e)s de l’ASM qui ont vu leurs courses annulées ! par respect pour eux, si cet événement a lieu, je dois y participer, faire honneur ! et j’y vais (http://www.asm-maule.fr/?p=4857), pas en forme, le moral en berne, avec en plus la météo la plus « dégueu » qui soit ! Cette seconde participation au tri de Deauville aura été pour moi, non pas un test d’aptitude physique, mais d‘aptitude mental : Quand tout te dit d’abandonner, peux-tu décider de continuer quand même ? » Ce tri je l’ai fait, mais sans grande conviction, un peu comme un combat dont on sait qu’on a perdu d’avance ! Toutefois comme le dirait notre maître Yoda, j’ai encore pu accumuler de l’expérience !
Retour en 2021
Vendredi 6 Aout, je me réveille, un peu (beaucoup) mal au crane, dans le « paté », j’ai (encore) un peu trop « vécu » la veille au soir, et c’est justement cela le problème depuis ce satané premier confinement. Ma dynamique de pic de forme de 2019 a vécu, il ne reste que des souvenirs magnifiques, des records perso, des moments inoubliables avec Tonio, Eric, Nicolas, Cricri, Yoda ….. C’était il y a à peine 2 ans, et pourtant ça parait si loin. Dans 1 mois pile, j’aurais 50 ans, je ne cherche pas de Rolex pour le 6 septembre, mais plutôt retrouver du plaisir dans ma pratique sportive, aborder cette seconde moitié de siècle de la meilleure façon.
Suite à des problèmes interminables de semelles en 2020 – 2021, j’ai repris tout doucement la CAP depuis fin Mai 2021, mais sans grande motivation. Les chiffres ne trompent pas, +17kg en 2 ans, un moral en berne, une motivation proche du zéro. Ne pas pouvoir courir avec vous tous pendant notre course Off de Mai a été un crève-cœur que j’ai dû encaisser, je vous ai encouragé, j’ai fait des sourires, mais j’avais les « grosses boules » ce jour là.
Donc ce matin du 6 Aout, j’ai dit « Stop » ou plutôt « Réveil » !, allez on repart au combat… Reprise sérieuse du sport, en mode électrochoc. Je me suis (re)mis à courir quasi tous les matins à la fraiche (ne cherchez pas sous Strava, j’ai arrêté de synchroniser mes sorties depuis plusieurs mois !), certaines fois avec Cricri, quand nos journées de télétravail coïncidaient. A chaque semaine, j’augmentais de 2 à 3km mes sorties journalières (pour finir à 14-15k). Muscu tous les 2 jours, reprise piscine et vélo. Alimentation plus raisonnée et surtout je me suis contraint à ne pas boire une goutte d’alcool jusqu’à mes 50 ans.
Et petit à petit, Laurent a retrouvé des sensations et de la joie, ensuite le cercle vertueux s’est mis en place.
Le 6 Septembre, je m’accorde une bonne journée détente et un très bon champagne pour l’occasion (« Dom Pe » 1999), je me sens mieux, j’ai perdu près de 10kilos en 1 mois et je suis en bien meilleure forme. Les sorties vélo avec Tom (90km), le semi de Bois d’Arcy et la Thoiry Wild Race vont finir par me convaincre que j’ai fait un très bon boulot, je ne finis plus mes sorties dans le rouge, et je reprends du plaisir, les sensations reviennent.
Je me sens prêt ma 3ième participation au Tri de Deauville !
Samedi 25 Septembre
Mon tri est le dimanche après-midi, mais je profite de cet événement pour venir passer 3 jours sur Deauville. L’après-midi c’est le format L, ca blague pas ; 1,9K Nat, 90K vélo et semi-marathon en CAP pour finir. Je suis doublement impatient d’aller encourager ces warriors, car je sais que je vais retrouver Tonio, mon coach adoré (Excuse moi Gautier, mais Tonio restera toujours mon coach adoré !), accolades, embrassades (le Covid, je t’em…) c’est si bon de se revoir. Tonio est venu sur Deauville avec Olivier (Langlois) que certains ASM historiques ont connu. Ils sont venus encourager un pote à eux qui est sur le format L, ainsi qu’un autre ami, super cycliste qui fera de DO 750 le dimanche matin.
Revoir Tonio, c’est la garantie de passer de bon moments de rigolades et de déconnades, jusqu’au soir ou je suis invité à diner avec eux (Merci beaucoup), là aussi on a bien rigolé, mais attention, il faudra ne pas se coucher trop tard, donc on me ramène à 23h00, pendant que Tonio et Olivier sont allé finir la soirée dans un pub jusqu’à 1h30.
Dimanche : D-Day
Je me lève, et depuis la fenêtre de ma chambre avec vue sur mer, je me rends compte que la pluie annoncée dans la nuit à bien eu lieu, mais 2 à 3 gouttes pas plus, il n’y a pas un « pêt » de vent, la mer est très calme, une « mer d’huile » comme on dit ! C’est de bonne augure pour cet après-midi, et surtout je ne veux pas revivre les conditions pourries de l’an dernier.
Je rejoins Tonio and co, qui sont venu, la encore, encourager leur ami cycliste (un Laurent aussi), il s’en sort très bien puisqu’il finit 10ième de sa catégorie (50+) et premier en vélo !
Il est 11h, l’heure de rentrer à l’hôtel et se préparer car le parc à vélo ouvre à 13h00. Entre temps, le vent s’est levé, les drapeaux de plage sont en position horizontale, et du coup la mer si calme, commence à se réveiller (Aie!).
La Natation
Le départ est prévu à 14h30. J’arrive sur le parc à vélo vers 13h30, c’est tout une organisation la préparation de son « stand », on a à disposition une box en plastique qui doit contenir tout ce dont nous aurons besoin sur la totalité de l’épreuve, rien de doit être laissé en dehors, sous peine de pénalité. Enfilage de la combi natation (encore un grand moment de bonheur Mdr). Je sors du parc et décide d’aller faire quelques essais en mer avant le grand départ. Et la, je me rends compte que le vent a bien œuvré ! des vagues de 60 à 90cm, je nage 50m et je me rends déjà compte que je vais pas aimer l’épreuve qui s’annonce !
On se place dans la zone de départ, le speaker « chauffe » la plage, l’ambiance est toujours aussi magique et la musique motive. Je me place dans la 3ième vague exprès, c’est celle des « débutants » un peu comme si j’anticipais le trauma que j’allais vivre ! En même temps, partir dans les derniers peut être très utile !! je vais passer plus de temps à doubler que l’inverse, et ça pour le mental c’est top !
C’est parti, on est à marée haute, donc on ne coure que 100m sur le sable pour rejoindre la mer, les vagues me stressent, je démarre en crawl, une cata, je bois 3 fois la tasse, ok alors ce sera brasse coulée, la bouée rouge de retour est très très loin…. les vagues ne me permettent pas de « placer » ma nage, c’est hyper angoissant, arrivé sur la première bouée rouge, on tourne à droite pour nager à flanc de mer pendant 250m, il faut atteindre la seconde bouée rouge pour tourner à nouveau à droite et rejoindre la plage… franchement j’apprécie pas. Et la un nageur me confirme qu’il y a 2 tours !!! et oui, c’est ce que l’on appelle une nage à l’australienne: tu fais un tour, tu rejoins la plage, tu coures jusqu’à l’arche de départ et tu repars direction la mer pour un second tour…. Donc le trauma que je viens de vivre, c’était juste la moitié !!!!! honnêtement j’ai eu pendant cette épreuve des vrais moments de panique, j’ai cru que j’aillais mourir (je ne blague pas). Il m’a fallu me calmer, relativiser, reprendre le souffle et me dire que je savais nager…. Au final le second tour bouclé, je reprends mes esprits en rejoignant le parc à vélo, j’aurais effectué ces 1500m en 41mn, et ce n’est pas si mal !! une chose est sure, je ne serais jamais un poisson ! mais je me suis promis de sérieusement bosser le sujet en 2022!
Le Vélo
Je ressors de la natation un peu grogi mais pas fatigué, juste choqué, mais j’avais déjà vécu cela en 2019…. Cette fois j’avais anticipé, le temps de sortir de l’eau, passer sous la douche d’eau douce pour se rincer, je reprends mes esprits… le pire est passé, le reste je maitrise. J’arrive donc dans le parc à vélo pour la première transition. Je suis serein et effectue comme un robot les bons gestes (que j’avais répété), j’enlève ma combi, je m’alimente, essuyage des pieds, chaussettes, chaussures, casque, lunettes, gants et en 4mn22 (contre 5mn en 2019) je me suis transformé en cycliste, d’ailleurs je suis tellement efficace (par rapport aux éditions précédentes) que je passe 20 sec à me demander si je n’ai pas oublié un truc ! je cours avec le vélo sur la ligne de départ et j’oublie déjà la natation…… en résumé, j’aurais pu faire cette T1 en 4mn facile, je note pour la prochaine.
Je sais que je dois pédaler 1,5km à 100 tr/mn avant de démarrer la fameuse côte Saint-Laurent qui démarre à 15% et finit à 17%. Mes dernières sorties vélo sur Aout/Septembre m‘ont terriblement mises en confiance, les encouragements de Tom aussi !!! je savais que j’allais m’éclater sur le vélo… Sur le challenge chronométré de la côte Saint-Laurent je mets 2mn32sec soit 16 secondes de moins qu’en 2019 (Une année référence pour moi), l’ambiance et la foule sur cette côte est hors-norme. L’avantage de partir dans la 3iéme vague (débutant) en natation, c’est que si on performe sur le vélo et la CAP, on doit théoriquement pouvoir remonter pas mal de monde… Et c’est le cas, j’imprime une vitesse de 29 à 34 Km/h sur le vélo, je double tout le temps, je prends un pied monumental autant sur les descentes, le plat, les faux-plats et les montées ! j’ai l’impression de « sur-voler » la course et mentalement ça fait beaucoup de bien. Les règles du triathlon sont très strictes, pas de « drafting » c’est à dire qu’on ne doit pas profiter de l’aspiration du concurrent devant soi en se plaçant dans sa roue, une distance de 7 mètres mini doit être respectée sous peine de pénalité auprès des juges qui vous regardent depuis leur moto. Donc ça veut dire, que si tu penses que tu peux doubler, tu doubles et tu ne restes pas collé à ton adversaire juste devant.
Sur ces 40km vélo j’étais en complète euphorie, je n’ai ressenti aucune fatigue, que de bonnes sensations (J’ai souvent pensé à Tom, 2 crans au dessus de moi, en me disant qu’il aurait lui aussi pris un pied d’enfer), j’encourageais même les rider qui souffraient. Sur les derniers 15K j’ai roulé avec 2 petits jeunes, on a pris des relais à 10m de distances (pas vraiment des relais en fait) , j’ai adoré. A l’inverse des 2 précédentes éditions, sur les 5 derniers kilo, j’ai accéléré plutôt de faire redescendre le cardio. J’ai finis le vélo à donf, boosté par le public amassé à l’approche de l’arrivée. Au total, sur la partie vélo j’aurais récupéré 294 places, et suis 26ieme de ma catégorie sur le vélo, je suis très fier de mon parcours.
La course à pied
Transition 2, sur le vélo je freine comme un malade juste avant la ligne ou l’on doit mettre pied à terre et courir à côté du vélo jusqu’au parc à vélo, suis « chaud patate » pour la CAP ! Damned !!! juste avant de rentrer dans le parc à vélo, j’enlève mon casque, un juge m’arrête et m’explique je suis dans l’illégalité car j’aurais dû enlever ce dernier à l’arrivé sur mon « stand » et non avant !! il me demande donc de rester sur place et d’attendre 1 mn de pénalité, ARRRRRRGh !!!! Je suis vert, je fais des progrès sur la T1 et me fait prendre bêtement 1mn sur la T2. Donc T2 en 3mn58……. Hormis cette pénalité, Je mets trés très peu de temps pour me transformer en coureur à pied ! pour info, les lacets élastiques c’est le top du top pour gagner du temps!
Je passe la ligne et démarre ma CAP… Et oh miracle ! je cale de suite mon allure, pas de flou, pas de crampe, je suis tout de suite dans la CAP à 5’10, dans le rythme et en total maitrise. Est-ce l’expérience des 3 derniers tri ou ma prépa ? en tout cas, je me sens tout de suite « opérationnel » ?
10 k, c’est long et pas long en même temps!!!! j’ai bossé tout le mois d’Aout pour faire des 10K à l’arrache tous les matins, genre à moitié endormi ! Je savais que sur un tri M, la CAP relevait plus de courir en assurant le chrono plutôt qu’en explosant ce dernier, j’ai performé sur le vélo donc la je vais profiter.
A partir du 3ième kilo, je sens que mes barres d’alimentation du vélo pèsent sur mon effort CAP, je sais que j’ai un peu exagéré les quantités, du coup ca me reste sur l’estomac jusqu’au 6ième kilo! comme quoi il ne faut jamais rien négliger et s’en tenir, même pour l’alimentation, a ce qui a été répété sur les séances d’entrainement.
Sur les 5 derniers kilo je baisse l’allure, 5’25 mais pas grave. Je savais que je pouvais courir plus vite, mais là j’ai voulu profiter de chaque kilo parcouru. Tout est parfait, et les 3 derniers kilos sur les mythiques planches de Deauville, un pur bonheur, beaucoup de public, pleins d’encouragements (le jour et la nuit avec l’an dernier). Je finis mon 10km sur le tri le plus populaire de France… je savoure l’instant, je ne pense plus au chrono, j’ai fait le Job ! Mais bon il reste du jus pour accélérer franchement l’allure sur les 100 derniers mètres. Arrivé, en 53mn! 3mn de plus qu’en 2019, mais pour moi c’est une victoire, Laurent s’est réconcilié avec Laurent.
En conclusion
A l’inverse de l’édition 2020, j‘ai abordé cette édition en me donnant le plus de moyens possible pour vivre au mieux cet événement, reprise sérieuse de l’entrainement (même si fenêtre de temps réduite sur 2 mois seulement), mental reboosté et un gros capital confiance. Il était important que je me prouve quelque chose, ce combat de « Laurent contre Laurent » était important pour reprendre le contrôle des choses. Les plus jeunes pourraient me trouver un peu « border line » sur cette façon de voir les choses, mais croyez-moi, plus on prend de l’âge, plus on doute et plus on a besoin de se prouver qu’on existe encore !!!! et c’est là qu’est le vrai challenge, quand je fais les séances de fractio les mardi et jeudi , même si j’essaie de me mesurer à certains d’entre vous, je me mesure surtout contre moi-même.
Et après ?
Ma préparation, mes progrès, l’accumulation d’expérience et ma reprise de confiance m’ont poussé a franchir une nouvelle étape et un nouveau défi Tri pour 2022, je me suis inscrit sur l’IronMan 70.3 de Vichy en Aout 2022 (c’est un format L, un Half IronMan) et cerise sur le gâteau, Olivier (Paulin) y participera aussi. Pour le coup, la natation ce sera pas dans la mer mais sur le lac de l’allier (YES, pas de sel, pas de vague), J’en frémis d’avance !!
ASM Power
Résultat :
Natation : 41mn (Classement provisoire: 857, Classement catégorie +50: 105)
Transition 1 : 04mn22 (Classement provisoire: 853, Classement catégorie +50: 102)
Vélo : 01h22mn (Classement provisoire: 386, Classement catégorie +50: 26)
Transition 2: 03mn58 (Classement provisoire: 1071, Classement catégorie +50: 145) (Satanée minute de pénalité !)
Course à pied : 52mn49 (Classement définitif: 674, Classement catégorie +50: 54)
Galerie photos :
Bravo Laurent. Ce que j’aime chez toi, c’est cette faculté de réaction. Après une période de surpoids, de doutes, tu ne te plains pas. Tu réagis: travail, abnégation, silence… Tels sont tes leitmotivs. Pas de talent particulier mais, par le travail et la hargne, tu arrives à des résultats que certains ne feront jamais. Quand on voit que tu fais 53 mn sur la CAP après autant d’efforts, je reste admiratif. Vichy n’a qu’à bien se tenir car tu es un Grand
Merci Oh grand maître !
Que te dire mon binôme de choc, que je suis fier que tu sois fier de toi et que le travail paie : 50 ans et de belles capacités encore ! Et même te dire qu’un jour, je tenterais bien ce genre d’épreuve …
Hâte de te retrouver sur notre prochaine course commune!
Voilà ma définition de « performer » : être meilleur que son soi d’hier. Contrairement à une performance brute : « être meilleur face aux autres ». (La nage, y’a pas plus connecté à dame Nature, la patronne)
Bravo Laurent ! Tu es un warrior.
Et quel récit passionnant !
Bravo pour cette perf et au plaisir de m’entrainer avec toi pour notre 70.3!
ce sera avec un grand plaisir aussi Olivier !!!!
Félicitations Laurent et merci à toi pour ce retour d’expérience si enrichissant.
J’ai cru comprendre que les règles du triathlon sont particulièrement pointues et qu’il faut mieux se renseigner avant d’essayer… Dans la précipitation, on oublie des choses et la pénalité d’une minute coûte cher dans le classement. Des conditions pas faciles (natation), de belles performances (vélo, CAP), chapeau !
J’espère sincèrement avoir ta condition physique à ton âge dans 10 ans… En attendant, je prends de la graine…
Merci Benoit !!!
Ce récit nourrit de détails et de sincérité était captivant. Merci de l’avoir partagé et bravo pour ta ténacité.