{"id":8727,"date":"2022-11-14T07:05:07","date_gmt":"2022-11-14T06:05:07","guid":{"rendered":"https:\/\/www.asm-maule.fr\/?p=8727"},"modified":"2022-11-14T07:05:08","modified_gmt":"2022-11-14T06:05:08","slug":"jordan-running-adventure-race-2022","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.asm-maule.fr\/?p=8727","title":{"rendered":"JORDAN RUNNING ADVENTURE RACE 2022<\/strong>"},"content":{"rendered":"\n

185 KM \u2013 NON STOP
DE PETRA AU SUD DU WADI-RUM<\/strong><\/p><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Retour en Jordanie, 3 ans apr\u00e8s avoir d\u00e9j\u00e0 tent\u00e9 ma chance sur cette course. Une premi\u00e8re qui ne s\u2019\u00e9tait pas tr\u00e8s bien pass\u00e9e sportivement (mauvaise pr\u00e9pa, surpoids, ampoules pr\u00e9coces et erreurs gps) j\u2019avais fini en +\/- 51 h 30 apr\u00e8s avoir fait 177 km au lieu de 165. C\u2019est donc avec une envie de revanche que je reviens sur cette course qui fait 185 km cette ann\u00e9e (182 km sur la trace gpx). Course faite en autonomie alimentaire, des Check-Points r\u00e9guliers serviront aux pointages, repos, et fourniture eau froide \/ chaude, caf\u00e9, th\u00e9, coca. Un sac d\u2019all\u00e8gement nous attendra au km 131. Enfin, chaque coureur aura la trace sur le GPS de son choix pour \u00e9viter de se perdre (si, si, on peut se perdre)<\/p>\n\n\n\n

Il y a 3 ans j\u2019\u00e9tais persuad\u00e9 que je pouvais faire cette course en moins de 40 h. 20 km de plus cette ann\u00e9e, l\u2019exp\u00e9rience de la premi\u00e8re fois, j\u2019annonce un objectif \u00e0 45 h, mais je suis toujours \u00e0 moins de 40 h dans ma t\u00eate. La course arrive, je ne pense pas \u00eatre pr\u00eat, tous les trails faits en pr\u00e9paration ne se sont pas tr\u00e8s bien pass\u00e9s, une grosse g\u00eane au genou qui dure depuis 3 semaines accentue mes doutes. Seule \u00e9claircie, j\u2019ai r\u00e9ussi \u00e0 atteindre l\u2019objectif poids \u00e0 2 jours du d\u00e9part, apr\u00e8s 3 \u00e0 4 semaines de restriction.<\/p>\n\n\n\n

Dimanche \u2013 Veille de la course<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Visite de Petra le matin, apr\u00e8s une premi\u00e8re nuit sous grande tente tr\u00e8s confortable (dans un vrai lit) dans un camp du d\u00e9sert. Grosse \u00e9motion, comme \u00e0 chaque fois que je viens \u00e0 Petra. On fait connaissance avec nos camarades de jeux lors du repas du midi sur le site. L\u2019ambiance est d\u00e9tendue m\u00eame si le stress est d\u00e9j\u00e0 bien pr\u00e9sent dans ma t\u00eate, je ne pense pas \u00eatre pr\u00eat et j\u2019ai peur d\u2019un nouvel \u00e9chec.<\/p>\n\n\n\n

Retour vers 15 h au camp pour une v\u00e9rification du mat\u00e9riel obligatoire, perception des balises qui permettent de nous suivre (et de nous retrouver si on est trop perdu) 2l d\u2019eau par coureur. On retourne \u00e0 nos tentes, je pr\u00e9pare mon sac, je refais l\u2019inventaire, je refais mon sac, mon sac d\u00e9lestage. Briefing d\u2019avant course dans une ambiance d\u00e9tendue, \u00e7a y est, j\u2019ai vraiment la trouille, j\u2019ai d\u00e9j\u00e0 envie de pleurer. A partir de ces instants, je ne serai plus un agr\u00e9able compagnon de voyage pour ma Choupinette, je m\u2019en excuse et je la remercie vraiment de supporter tout \u00e7a.<\/p>\n\n\n\n

PETRA<\/strong><\/p>\n\n\n

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Lundi \u2013 D\u00e9part > CP 1 \u2013 km 24<\/strong><\/p>\n\n\n\n

R\u00e9veil \u00e0 4 h 00, la navette doit partir \u00e0 5 h 30 pour nous d\u00e9poser au d\u00e9part. On fait les valises. Je m\u2019habille, camel-back rempli d\u2019eau claire (1,5l), une gourde \u00e0 l\u2019avant avec de l\u2019hydrixir (750 cl), des gels cola et caf\u00e9ine, p\u00e2tes de fruits, barres et gels Holifat. Je prends aussi des plats lyophilis\u00e9s (au cas o\u00f9), batteries et chargeurs. Un sac entre 6 \u00e0 7 kg comme d\u2019habitude (toujours trop lourd mais je ne sais pas faire autrement). Petit d\u00e9jeuner rapide, Muffins Gatosport aux myrtilles (tr\u00e8s bons) et caf\u00e9, 10 mn de car et on est au d\u00e9part. J\u2019ai grave la trouille. J\u2019ai pass\u00e9 ma nuit \u00e0 penser que je ne finirai pas, heureusement, on s\u2019est couch\u00e9 t\u00f4t, j\u2019ai quand m\u00eame dormi un minimum. Comme d\u2019habitude, je me demande ce que je fais ici, au milieu de tous ces sportifs, j\u2019ai l\u2019air d\u2019un p\u2019tit gros avec sa caravane sur le dos. Photos avec ma choupinette, envie de pleurer, je lui dis que j\u2019ai peur de ne pas r\u00e9ussir, elle me rassure, j\u2019ai fait ce qu\u2019il fallait, elle est persuad\u00e9e que \u00e7a va bien se passer.<\/p>\n\n\n\n

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5-4-3-2-1-0 C\u2019est parti\u2026\u2026 Vite, trop vite, mais il faut que j\u2019explose, 5:38, 5:43 sur les 2 premiers km, faut que je me calme. Une premi\u00e8re erreur, minime, les premiers reliefs, me freinent un peu. J\u2019aper\u00e7ois Tetiana, une coureuse ukrainienne, juste devant moi, j\u2019essaye de la suivre. Je suis s\u00fbr que c\u2019est la plus forte du peloton et je voulais \u00eatre dans la \u00ab bonne \u00e9chapp\u00e9e \u00bb. J\u2019ai tr\u00e8s vite arr\u00eat\u00e9, \u00e7a va trop vite, je ne la reverrai qu\u2019\u00e0 l\u2019arriv\u00e9e. C\u2019est une tr\u00e8s grande championne, elle a survol\u00e9 la course et nous a tous surclass\u00e9s (malgr\u00e9 20 km de plus) Bravo Tetiana et merci pour ta gentillesse, ta simplicit\u00e9 et ton humilit\u00e9. Je d\u00e9cide donc de ralentir, je connais cette premi\u00e8re \u00e9tape et je sais qu\u2019il ne faut pas trop se cramer, mais j\u2019ai quand m\u00eame envie d\u2019envoyer un peu. Serge, un coureur du Doubs align\u00e9 sur le 100 km en 3 \u00e9tapes me rattrape vers le 4\u00e8me<\/sup> km, nous discutons, nous ferons cette 1\u00e8re<\/sup> \u00e9tape ensemble. Arriv\u00e9e magique au Monast\u00e8re de P\u00e9tra, quelques photos et on attaque la descente (+\/- 700 marches) je la fais \u00e0 fond, je m\u2019\u00e9clate, j\u2019adore, Petra est \u00e0 nous, c\u2019est magnifique, magique, insolite. Serge me retrouve en bas et sera mon meneur d\u2019allure pour le reste de l\u2019\u00e9tape, je reste cal\u00e9 derri\u00e8re lui ou \u00e0 c\u00f4t\u00e9 selon les pistes et passages. L\u2019arriv\u00e9e en bas des escaliers du sacrifice, 1\u00e8re<\/sup> difficult\u00e9, Choupinette est l\u00e0 avec les membres de l\u2019organisation, Photos, bisous et \u00e7a repart, que du bonheur. Serge monte mieux que moi, apr\u00e8s les escaliers, c\u2019est mont\u00e9e dans les rochers puis de la piste, que du dur, pas de sable, on fait \u00e7a tranquille, mais \u00e0 belle allure, on est actifs, on papote, on est bien. Le spectacle des montagnes de Petra est magnifique. Alternance de mont\u00e9e, descente, \u00e7a passe bien. Descente dans un canyon, premier contact avec le sable, \u00e7a ne dure pas, on attaque maintenant la grosse difficult\u00e9 de cette premi\u00e8re \u00e9tape, une belle c\u00f4te de 2.7 km en plein soleil avec des passages \u00e0 15%. Chacun \u00e0 son allure, Serge monte bien, c\u2019est plus compliqu\u00e9 pour moi, je g\u00e8re tranquillement. J\u2019arrive en haut un peu rinc\u00e9, pas tr\u00e8s bien. Giorgio, un Italien me double dans la fin de c\u00f4te. Choupinette est venue \u00e0 ma rencontre, ne me trouve pas tr\u00e8s bien, mais c\u2019est l\u2019effet d\u00e9nivel\u00e9. Serge qui a fini son \u00e9tape revient aussi me taper dans la main, il s\u2019excuse presque de m\u2019avoir l\u00e2ch\u00e9 dans la c\u00f4te, tr\u00e8s sympa. Merci Serge pour cette 1\u00e8re<\/sup> \u00e9tape pass\u00e9e comme une lettre \u00e0 la poste. Ravito avec ma Choupinette, je passe un peu de temps pour r\u00e9cup\u00e9rer, bois pas mal. Un rapide checkup et je m\u2019aper\u00e7ois que mes gu\u00eatres sont compl\u00e8tement d\u00e9coll\u00e9es, le craft auto-collant n\u2019a pas tenu. Je n\u2019ai pas attaqu\u00e9 le sable, je n\u2019ai plus de gu\u00eatre, je flippe pour mes pieds. Je les ai entour\u00e9s d\u2019\u00e9lastoplast, on verra bien. Un dernier bisou \u00e0 Choupinette, je ne la reverrai pas avant le km 131 si je n\u2019arrive pas trop tard.<\/p>\n\n\n

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CP 1 > CP 2 \u2013 km 42<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Etape avec successions de mont\u00e9es, descentes, tant\u00f4t piste, tant\u00f4t route. Je d\u00e9cide de ne pas courir les mont\u00e9es et adopte la marche nordique qui me permet de marcher \u00e0 5 – 5.5 km\/h sans trop forcer dans les c\u00f4tes et courir sans forcer quand \u00e7a descend ou sur le plat, pour ne pas me griller, je ne veux pas me cramer, la couse va \u00eatre longue. J\u2019aper\u00e7ois de temps en temps au loin Marco et Giorgio, un Suisse et un Italien qui sont parti un peu avant moi du CP1. Je d\u00e9cide de ne pas forcer et de ne rien faire pour les rattraper. Je suis dans mon tableau de marche et tout va bien, je ne force vraiment pas du tout, admire le paysage. Je prends des photos, je me filme aussi pour garder en m\u00e9moire mes pens\u00e9es du moment. Une d\u2019entre elle sera de ne pas jouer la place, mais uniquement mon chrono (- de 40h) et je suis largement en avance. Je croise quelques troupeaux avec des chiens un peu agressifs et je dois taper des b\u00e2tons pour les tenir \u00e9loign\u00e9s, oblig\u00e9 une fois d\u2019avancer en marche arri\u00e8re pour ne pas leur tourner le dos, je flippe un peu. Un peu avant le CP2, 1\u00e8re<\/sup> hallucination ? Je vois un jeune debout sur son \u00e2ne, je r\u00eave. Mais non, il est bien debout sur son \u00e2ne en train de danser \u00e0 la musique de son t\u00e9l\u00e9phone. Tr\u00e8s sympa, il veut absolument que je fasse un tour sur l\u2019\u00e2ne, j\u2019aurai beaucoup de mal \u00e0 lui expliquer que je fais une course. J\u2019arrive bient\u00f4t au CP 2 avec plus de 2 h 30 d\u2019avance sur mon tableau de marche 40 h et 1 h d\u2019avance pour 35 h. Je vois au loin mes 2 camarades suisse et italien partir du CP. Arriv\u00e9e au CP tr\u00e8s sympa Franck, l\u2019organisateur, Simon et Franck le docteur sont l\u00e0 pour m\u2019accueillir, photos, ravitos, tout va bien. En signant la feuille de pointage, je m\u2019aper\u00e7ois que je suis 4\u00e8me<\/sup> derri\u00e8re Tetiana qui a d\u00e9j\u00e0 1 h 30 d\u2019avance et Marco et Giorgio, seulement \u00bc h devant, \u00e7a bouille d\u00e9j\u00e0 dans ma t\u00eate.<\/p>\n\n\n

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CP2 > CP 3 \u2013 km 61<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Je repars toujours sur la m\u00eame technique, alternance de course et marche sans jamais forcer, uniquement respecter un 6 km\/h de moyenne, arr\u00eats compris le plus longtemps possible. Le balisage est top et pour l\u2019instant pas besoin de GPS. Grosse erreur, une belle descente, j\u2019envoie un peu, 10.5 \u2013 11 km\/h, je m\u2019\u00e9clate, mais d\u2019un seul coup je r\u00e9alise que je ne vois plus de balisage. Je reprends mon GPS qui doit sonner d\u00e8s que je m\u2019\u00e9loigne \u00e0 plus de 100m de la trace. Oups, je l\u2019ai \u00e9teint en arrivant au CP pour \u00e9conomiser de la batterie et j\u2019ai oubli\u00e9 de le rallumer. R\u00e9sultat, 1.5 km de rab en coupant dans la pampa, montant et descendant au gr\u00e9 du relief. Je m\u2019\u00e9nerve un peu et je d\u00e9cide d\u2019envoyer un peu plus que ce soit en course ou en marche pour rattraper un peu. Le terrain est plut\u00f4t favorable pour tenir une bonne moyenne et je ferai cette portion \u00e0 +\/- 7km\/h sans trop attaquer la b\u00eate. Depuis le CP 1 le parcours tant\u00f4t sur route, tant\u00f4t sur piste traverse des villages plus ou moins grands, toujours dans un univers montagneux et d\u00e9sertique, j\u2019adore \u00e7a. C\u2019est assez roulant et j\u2019aurai s\u00fbrement pu envoyer un peu plus mais je crains la suite, la nuit, le sommeil, la longueur de la course, je reste prudent (trop peut-\u00eatre) J\u2019arrive encore bien en forme au CP o\u00f9 Franck le docteur est au petit soin, on discute il m\u2019aide \u00e0 remplir en eau, Je retire mes chaussures pour v\u00e9rifier l\u2019\u00e9tat des pneus, tout va bien. Je mets la frontale, il fera nuit avant que j\u2019arrive au prochain CP.<\/p>\n\n\n

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CP3 > CP 4 \u2013 km 80<\/strong><\/a><\/p>\n\n\n\n

C\u2019est reparti, toujours 4\u00e8me<\/sup> \u00e0 35 mn de Marco et Giorgio, oui, je sais, je ne suis pas venu pour jouer le classement, mais \u00e7a commence \u00e0 gratouiller l\u2019esprit et le scorpion tape \u00e0 la porte. Je repars toujours sur la m\u00eame allure, je suis toocool (aujourd\u2019hui, je me dis que j\u2019aurai pu donner un peu plus) tranquille je me prom\u00e8ne presque, j\u2019appuie un p\u2019tit peu plus en marche et je cours pas mal, le profil reste bien courable et je voudrais en faire le maximum avant la nuit. Dernier village, la mosqu\u00e9e, \u00e0 gauche Didier, \u00e0 gauche, ouf, je n\u2019ai pas rat\u00e9 l\u2019embranchement, me voil\u00e0 parti vers le d\u00e9sert et l\u2019au-del\u00e0. Je ne me souviens plus si c\u2019est sur cette \u00e9tape ou celle d\u2019avant, mais j\u2019ai crois\u00e9 un groupe d\u2019enfant avec un adulte qui s\u2019entrainait s\u00fbrement, il remontait ce que j\u2019\u00e9tais en train de descendre, petit moment sympa. Le soleil se couche derri\u00e8re les monts du d\u00e9sert, c\u2019est magnifique. Puis voil\u00e0 la nuit, une nouvelle course, maintenant je dois tenir, ne pas dormir et retrouver Choupinette au km 131 avant qu\u2019elle ne parte avec le groupe. Je suis bien, presque serein, j\u2019alterne toujours course et marche (que j\u2019esp\u00e8re nordique), \u00e7a glisse un peu du c\u00f4t\u00e9 de la moyenne mais je suis toujours tr\u00e8s large sur mon chrono 40h, j\u2019avance bien. Au loin les lumi\u00e8res de la 4 voies qu\u2019on doit traverser, j\u2019aime bien cette portion, c\u2019est roulant et je vais vers la lumi\u00e8re. Les chiens sont toujours l\u00e0 \u00e0 me faire flipper mais ils restent assez loin se contentant d\u2019aboyer sur cette lumi\u00e8re qui passe et trouble leur tranquillit\u00e9. Je cours, petite erreur, le gps sonne et je retourne tr\u00e8s vite sur le bon chemin. Je traverse la route, content, c\u2019\u00e9tait un passage que j\u2019attendais, je ne suis pas loin des 80 km et je suis toujours en forme, tellement heureux d\u2019\u00eatre l\u00e0. J\u2019avance, je cours, dans mes pens\u00e9es, c\u2019est s\u00fbr, je ne dormirai pas ici comme il y a 3 ans, premi\u00e8re victoire. Je suis bien en avance sur mon timing, je suis bien, je vais pouvoir passer du temps avec Choupinette au CP6 si tout continue comme \u00e7a.<\/p>\n\n\n\n

Un aboiement m\u00e9chant, je sursaute, me retourne, il est l\u00e0, \u00e0 5 m de moi, un chien, le poil h\u00e9riss\u00e9, agressif, j\u2019ai peur. Il est bient\u00f4t rejoint par deux autres chiens, ils se mettent en arc de cercle, je suis en marche arri\u00e8re, les regarde tour \u00e0 tour, tape des b\u00e2tons, donne des coups de t\u00eate, ils redoutent la frontale, j\u2019ai peur. Je recule, me retourne r\u00e9guli\u00e8rement pour ne pas m\u2019\u00e9loigner de la trace et des balises. J\u2019avance \u00e0 reculons, \u00e7a me semble interminable puis ils arr\u00eatent de me suivre, continuent \u00e0 aboyer et abandonnent. Je repars, cours, marche, j\u2019avance, je suis bien. Un nouveau \u00ab troupeau \u00bb de chiens, mais ils passeront au loin et prendront soin de m\u2019\u00e9viter, je les remercie. Enfin le spot light m\u2019indiquant le CP 4, Simon est l\u00e0, lui aussi sera tr\u00e8s attentionn\u00e9 avec moi, devan\u00e7ant mes d\u00e9sirs afin que mon arr\u00eat se passe du mieux possible.<\/p>\n\n\n

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CP4 > CP 5 \u2013 km 100<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Avant de repartir, Simon m\u2019explique que les Am\u00e9ricains ont squatt\u00e9 une partie du d\u00e9sert pour tourner le prochain Star War. Un vigile est venu le voir, ils sont en train de tourner de nuit et nos frontales ne sont pas les bienvenues dans le film, nous allons devoir prendre un autre chemin. Simon me montre sur une carte le parcours, pour contourner la zone je dois passer dans un canyon et r\u00e9cup\u00e9rer la trace \u00e0 la sortie du canyon. Rien que l\u2019id\u00e9e de rentrer dans le canyon, de nuit, je suis mort de trouille. Mais c\u2019est parti, je suis une partie du balisage lumineux, puis je sors de la trace et je cherche l\u2019entr\u00e9e du canyon. Mon histoire d\u2019amour avec les canyons de cette \u00e9dition commence. Je gal\u00e8re, jardine dans les cailloux, commence \u00e0 m\u2019inqui\u00e9ter, puis un garde m\u2019appelle \u00ab Come here, come here !!! \u00bb Ho, ho, je vais me faire virer, j\u2019y vais, tente de m\u2019expliquer \u00ab It\u2019s a race, I\u2019m a runner \u00bb, \u00ab I know, come !!! \u00bb bon, j\u2019y vais et gentiment il m\u2019accompagne jusqu\u2019au bord de la base vie, que je prenais pour le lieu de tournage et me montre une lumi\u00e8re au loin en me disant de me diriger tout droit sur elle. Je lui ai presque fait la bise en le quittant, le remerciant chaleureusement pour ce coup de main inattendu. Et me voil\u00e0 reparti le c\u0153ur en goguette, je cours, marche, vole, euh ! non, je m\u2019emporte un peu. Mais j\u2019avance, j\u2019ai de plus en plus de mal \u00e0 tenir le 6km\/h de moyenne, mais c\u2019est p\u00f4 grave, je suis en avance sur mon tableau de marche et la route est encore longue. Mon genou, mes cuisses, mon dos, tout me rappelle que je suis proche des 100 km, mais j\u2019avance. Je dois arriver au CP et je verrai l\u2019\u00e9tat du bonhomme. Enfin, je suis proche, je me perds un peu, mais rien de grave. Un peu crev\u00e9, j\u2019arrive au 100\u00e8me<\/sup> km et mes camarades, Giorgio et Marco sont encore dans la tente, \u00e7a me booste et d\u2019un seul coup je ne suis plus fatigu\u00e9. Il est fort ce scorpion ;o)<\/p>\n\n\n\n

Arr\u00eat sympa avec Bruno, on discute, je me ravitaille bien, rempli gourde et camel back, vide mes chaussures, je mange un peu. Je branche montre et t\u00e9l\u00e9phone sur ce qu\u2019il me reste de batterie, il ne faut pas que je traine trop si je veux avoir de la charge jusqu\u2019\u00e0 mon sac all\u00e8gement. Petit apart\u00e9 sur la nutrition, c\u2019est vraiment un point que je dois am\u00e9liorer. J\u2019ai \u00ab mang\u00e9 \u00bb 2\/3 gels par \u00e9tape, une p\u00e2te de fruit par-ci par-l\u00e0, au feeling. Je prends conscience que je dois me forcer \u00e0 manger plus, je \u00ab bois \u00bb une petite gourde Holifat, plus consistante et s\u00fbrement meilleure que mes gels. Je mangerai des barres Holifat plus r\u00e9guli\u00e8rement pour ne pas \u00ab tomber \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Pas de photo \u2013 Fait nuit et chuis tout seul<\/strong><\/p>\n\n\n\n

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CP5 > CP 6 \u2013 km 131<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Il est +\/- minuit, je repars du CP, 20 mn derri\u00e8re mes camarades, je commence \u00e0 croire que je peux vraiment faire quelque chose dans cette course et je repars plein de confiance, je n\u2019ai pas sommeil et m\u00eame en trainant un peu, je devrais \u00eatre au CP6 vers 7h et passer un peu de temps avec Choupinette. Je suis content. La premi\u00e8re partie est tranquille, je vise les antennes, points rouges qui illuminent ma course un petit instant. Les antennes sont l\u00e0, je contourne, je trouve le passage sous la voie ferr\u00e9e, du sable je descends, je remonte et c\u2019est reparti dans la nuit, je ne vois rien d\u2019autre que le halo de ma frontale. Je jardine, mon gps me remet r\u00e9guli\u00e8rement sur la trace, j\u2019ai du mal \u00e0 garder un cap et il n\u2019arr\u00eate pas de sonner pour me rappeler \u00e0 l\u2019ordre. J\u2019ai du mal, je m\u2019angoisse un peu sur mes capacit\u00e9s \u00e0 tenir toute la nuit \u00e9veill\u00e9, j\u2019avance, j\u2019avance, j\u2019avance. Il me semble apercevoir des frontales au loin, Marco, Giorgio ? Nouveau coup de boost, le scorpion est l\u00e0, \u00ab j\u2019acc\u00e9l\u00e8re \u00bb comme on peut acc\u00e9l\u00e9rer apr\u00e8s plus de 100 km. Je jardine \u00e0 nouveau, j\u2019avance, c\u2019est compliqu\u00e9, je zig-zag, j\u2019avance, je monte, je descends, cherche ma trace, j\u2019avance. Au d\u00e9tour d\u2019une dune ou d\u2019un canyon, quelqu\u2019un m\u2019appelle \u00ab Didier !! \u00bb, je sursaute, \u00ab c\u2019est qui ? \u00bb, \u00ab Marco \u00bb, tout le monde gal\u00e8re, je me sens moins seul. On unit nos efforts et nos gps pour retrouver la trace et \u00e7a repart. Nous ferons un petit bout de chemins ensemble et je pars devant, je suis bien, sur un nuage, le scorpion m\u2019a pouss\u00e9 et je me retrouve 2\u00e8me<\/sup> de la course, 1er<\/sup> homme. Je ne pensais pas jouer les premiers r\u00f4les et les circonstances de course m\u2019ont offert ce beau cadeau, je suis heureux. Je pense \u00e0 mon p\u00e8re qui doit me regarder de l\u00e0-haut, \u00e0 ma Choupinette qui va \u00eatre fier de moi, \u00e0 Tatoo, \u00e7a y est je pleure, et j\u2019avance. La trace est dure \u00e0 trouver, j\u2019avance, mon gps me pr\u00e9viendra si je commets une erreur, je prends une piste, puis une autre, j\u2019avance, je ne pense qu\u2019\u00e0 \u00e7a, avancer, \u00eatre au CP6 au petit matin, le bonheur. Un p\u2019tit caf\u00e9 avec Choupinette, voir la joie et la fiert\u00e9 dans ces yeux, j\u2019avance. Tout \u00e0 mes r\u00eaves, j\u2019avance, j\u2019avance. Avec la fatigue, ma vigilance et ma lucidit\u00e9 me font d\u00e9faut, j\u2019avance, j\u2019avance. Je me retourne, plus de frontale derri\u00e8re, c\u2019est pas possible, je ne suis pas all\u00e9 aussi vite, j\u2019ai un doute. Mon gps n\u2019a pas sonn\u00e9, mais d\u2019un seul coup je me souviens qu\u2019il y 3 ans j\u2019avais perdu la trace dans les canyons (non, pas celui-l\u00e0) Je sors mon gps, et gros coup sur la t\u00eate, je suis compl\u00e8tement hors trace, j\u2019ai rat\u00e9 l\u2019entr\u00e9e du canyon et je suis de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 de la montagne ou du rocher, je ne sais pas vraiment. J\u2019essaye de retrouver mon chemin, mais mon gps me dit tout et son contraire, je suis perdu, je tourne en rond, je m\u2019\u00e9loigne de ma trace mais je ne trouve pas comment retourner dessus. Je suis d\u00e9gout\u00e9, je monte, je descends, je ne sais pas o\u00f9 je suis. Le jour se l\u00e8ve, j\u2019ai envie de pleurer, je suis en col\u00e8re apr\u00e8s moi. J\u2019aurai d\u00fb faire tout simplement demi-tour et retrouver ma trace. J\u2019ai manqu\u00e9 de lucidit\u00e9. Je suis perdu, je m\u2019arr\u00eate, que faire, je ne veux pas qu\u2019on vienne me chercher, r\u00e9fl\u00e9chis Didier, r\u00e9fl\u00e9chis (si, si, c\u2019est possible). Et d\u2019un seul coup, un \u00e9clat, une \u00e9vidence, tu as une boussole dans ton sac, \u00e7a fait partie du mat\u00e9riel obligatoire, je m\u2019en veux, je m\u2019en veux de ne pas y avoir pens\u00e9 plus t\u00f4t. Je prends la boussole, la jette par terre \u00ab donne-moi le Nord !!! \u00bb Je regarde ma trace, je sais qu\u2019on va vers le Sud, si je prends Sud-Ouest, je croise la trace. J\u2019esp\u00e8re que ma boussole n\u2019a pas perdu le Nord et je tire tout droit Sud-Ouest. Sortie des canyons, mon gps reprend vie, je reconnais les rochers, je sais o\u00f9 je suis, je rejoins la trace. Je devrais d\u00e9j\u00e0 \u00eatre au CP6, je suis d\u00e9\u00e7u et Choupinette va l\u2019\u00eatre aussi, \u00e7a fait ch\u2026., je me traine. Une ampoule se d\u00e9clare \u00e0 mon pied droit, fait ch\u2026.. J\u2019arrive au grand d\u00e9sert rouge, celui qui m\u2019avait fait si mal, il y a 3 ans, je voulais le faire de nuit. Fait ch\u2026.. J\u2019avance, je me dirige tout droit vers la montagne blanche qui est derri\u00e8re le ravito, je le sais, je m\u2019en souviens. J\u2019avance comme je peux, mes chaussures sont pleines de sable, mais je ne veux pas m\u2019arr\u00eater, je veux voir Choupinette avant qu\u2019elle ne parte. Je revois les semelles de mes deux comp\u00e8res dans le sable, je suis d\u00e9gout\u00e9. J\u2019avance, il faut que j\u2019arrive au CP6. Hop, plus de montre, plus de batterie non plus sur mon t\u00e9l\u00e9phone, plus que 3 km, allez avance, tu vas reprendre des forces, allez marche. Au loin, je vois quelqu\u2019un qui vient vers moi, c\u2019est Choupinette, je pleure. Reprends-toi, montre que tout va bien. Malheureusement, je serai con. Excuse-moi !!! Avant m\u00eame qu\u2019on puisse se toucher, s\u2019embrasser \u00ab Ils sont o\u00f9, les italiens, ils sont repartis ? \u00bb Mais que je suis con !!!! \u00ab Il y a 5\/10 mn \u00e0 peine \u00bb et je crie, je m\u2019\u00e9nerve, je m\u2019en veux. Je me calme, on fait bisou, je lui explique ma nuit et ma col\u00e8re contre moi. Je n\u2019en veux \u00e0 personne d\u2019autre qu\u2019\u00e0 moi. Choupinette doit partir avec le groupe, elle me rassure, je fais une super course, j\u2019ai l\u2019air bien. Merci Choupinette. Je vide mes chaussures, change l\u2019\u00e9lastoplast de mes pieds, trop tard, j\u2019ai une ampoule sous le pied droit, tant pis. Je ne recharge que ma gourde pour ne pas perdre trop de temps, branche montre et t\u00e9l\u00e9phone sur les batteries et je repars 1h derri\u00e8re Marco et Giorgio, c\u2019est mort pour faire quelque chose de bien, tant pis, il faut finir maintenant. Derni\u00e8re discussion avec Florentin et je repars.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est magnifique\u00a0!!! J\u2019aime le d\u00e9sert jordanien<\/strong><\/p>\n\n\n

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C\u2019est magnifique !!! J\u2019aime le d\u00e9sert jordanien<\/strong><\/p>\n\n\n\n

CP6 > CP 7 \u2013 km 148<\/strong> Je me suis arr\u00eat\u00e9 presque une heure et le d\u00e9part est douloureux, la gnaque n\u2019est plus vraiment l\u00e0, j\u2019avance, mais je commence vraiment \u00e0 avoir du mal. Cette erreur bloque dans la t\u00eate, je m\u2019en veux, j\u2019aurai vraiment pu faire un beau truc. J\u2019essaye de limiter les d\u00e9g\u00e2ts et j\u2019avance, j\u2019essaye de ne pas me laisser aller. J\u2019ai trouv\u00e9 cette \u00e9tape tr\u00e8s difficile, la fatigue, le moral, je suis cuit. Le spectacle est magnifique, il y a 3ans, je n\u2019avais pas fait cette partie du d\u00e9sert, c\u2019est encore un autre d\u00e9sert, tendance blanc, rocheux, c\u2019est beau, mais \u00e0 chaque fois que je vois une grosse dune au loin, je me dis \u00ab non, il n\u2019a pas fait \u00e7a, pas cette dune) je suis fatigu\u00e9. A 8\/9 km du CP, plus d\u2019eau dans le camel-back, mais que je suis con, il fait chaud, je n\u2019ai pas rempli au CP6, mais que je suis con. Plus que la gourde (75 cl) pour finir cette \u00e9tape, je rationne. Je n\u2019avance plus, je traine des pieds et mes id\u00e9es deviennent noires, je n\u2019ai rien \u00e0 faire dans ce genre d\u2019\u00e9preuve, il faut que j\u2019arr\u00eate de me prendre pour un sportif, faut tout simplement que j\u2019arr\u00eate l\u2019ultra, je n\u2019ai pas le niveau et bla-bla-bla et bla-bla-bla. STOP !!!!! Tu m\u2019as d\u00e9j\u00e0 fait le coup, il y a trois ans, arr\u00eate. Tu es fatigu\u00e9, tu fais une belle course dans un des plus bel endroit du monde (j\u2019aime vraiment la Jordanie) Tu n\u2019as pas le droit. Tu vas aller jusqu\u2019au CP comme tu peux, tu limites la casse et tu verras. Tu t\u2019allonges 20 mn, tu dormiras un petit peu et tu repartiras pour finir avec un chrono honorable. Ne l\u00e2che rien. Et c\u2019est sur ces pens\u00e9es positives que je poursuis ma route, c\u2019est long, mais que c\u2019est long. Plus d\u2019eau \u00e0 3 km du CP, c\u2019est p\u00f4 grave !!! Le \u00ab c\u2019est pas grave \u00bb une technique que j\u2019ai adopt\u00e9 depuis tr\u00e8s longtemps dans la vie de tous les jours et que je mets enfin en place ici. Avance, le CP n\u2019est plus loin, je crois le voir, l\u00e0-haut, je m\u2019approche du dodo r\u00e9parateur, j\u2019avance. Et l\u00e0, mes Zamis, Ze scorpion, le retour !!!! A +\/- 500 m du ravito, je vois quelqu\u2019un sortir de la tente, non ? ce n\u2019est pas possible. Puis un deuxi\u00e8me, je reconnais les silhouettes, les sacs, mais oui, Marco, Giorgio. Mais alors, ils sont peut-\u00eatre dans le m\u00eame \u00e9tat que moi. Alors que je viens de faire une \u00e9tape de M\u2026., que je me suis perdu, je recolle. On discute un peu avec Marco, je lui explique et ils y vont. Simon est l\u00e0 pour m\u2019accueillir, je lui explique un peu mes p\u2019tits soucis, mais j\u2019ai envie de repartir direct, il me calmera et me conseillera d\u2019\u00e9couter mon corps. Ce que je ferai. Je m\u2019allonge, lui demandant de me r\u00e9veiller au bout de 20 mn. Il sort de la tente pour me laisser me reposer. Je m\u2019allonge, prends une couverture, mais celle-ci est pleine de coca et\u2026\u2026\u2026\u2026. De mouches !!!!!! Impossible de dormir, elles grouillent sur moi. Apr\u00e8s 5\/10 mn de combat, je me calfeutre compl\u00e8tement sous la couverture et j\u2019arrive \u00e0 m\u2019endormir. Je me r\u00e9veille en sursaut, juste au moment o\u00f9 Simon rentre dans la tente pour me dire que \u00e7a fait 19 mn. Un coca, un caf\u00e9, je remplis tout en eau, sors un p\u2019tit sachet de saucisson gard\u00e9 pour me donner un coup de fouet, c\u2019est maintenant.          <\/p>\n\n\n

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C\u2019est p\u00f4 facile, cette course<\/strong><\/p>\n\n\n

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CP7 > CP 8 \u2013 km 171<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Je repars \u00e0 peine 30 mn apr\u00e8s mes camarades, j\u2019y crois \u00e0 nouveau. Je suis \u00e0 la lettre les indications de Simon et tire tout droit sur une flamme Tendao qui flotte en bas. Et je me remet \u00e0 courir, j\u2019ai repris confiance, j\u2019y crois. Je vais faire un coup et m\u00eame si je n\u2019y arrive pas, m\u00eame si j\u2019explose, tant pis, je serai mouru en \u00ab combattant \u00bb. Bon d\u2019accord, avec le manque de sommeil et la fatigue, j\u2019exag\u00e8re peut-\u00eatre une peu. L\u2019\u00e9tape est longue, 23 km, c\u2019est maintenant, apr\u00e8s ce sera de nouveau la nuit. Je ne sais m\u00eame pas o\u00f9 j\u2019en suis de mon chrono 40 h, c\u2019est clair, je veux monter sur le podium. Un peu fou le vieux clown, mais que c\u2019est bon. Je suis en pleine bourre, je courre \u00e0 nouveau (courr\u00f4te plut\u00f4t) c\u2019est bon pour le moral. Le pied me b\u00fble un peu, pas grave, j\u2019ai mal aux cuisses, pas grave, va chercher bonheur. Une grosse dune +\/- 2km de mont\u00e9e, pas grave, la technique de l\u2019escalier (marcher dans les pas des autres d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9s) et \u00e7a monte \u00e0 bonne allure. Je ne l\u00e2che rien. Apr\u00e8s la dune, le profil est plus cool et me permet de courir plus souvent, je vais y arriver, c\u2019est s\u00fbr. Et soudain, il me semble les apercevoir au loin, je n\u2019en suis pas s\u00fbr, je me calme, continue sur mon allure, je ne les vois plus, j\u2019ai d\u00fb r\u00eaver, il faut que je me calme. Ils \u00e9taient devant et je pars \u00e0 droite, ce n\u2019est pas eux. Mais si, ils sont \u00e0 nouveau devant moi, plus tr\u00e8s loin, \u00e7a a l\u2019air compliqu\u00e9, je vais y arriver, c\u2019est s\u00fbr (je verrai sur ma trace apr\u00e8s la course, que j\u2019ai fait une tite boucle pour rien) J\u2019acc\u00e9l\u00e8re un peu, je suis au contact, c\u2019est bon. On papote 2 mn et go !!!! c\u2019est reparti. Je suis aux anges, malgr\u00e9 mes erreurs, mes errements, je suis deuxi\u00e8me de la course, un truc de dingue. Je suis bien, j\u2019ai mal partout, c\u2019est \u00e9vident, m\u2019en fout, j\u2019avance. Et je me mets \u00e0 r\u00eaver, je d\u00e9cide de ne pas me cramer, juste assurer, je g\u00e8re. J\u2019augmente mon avance sur mes poursuivants, sans me mettre dans le rouge. Je repars dans mes pens\u00e9es, je pense \u00e0 mon p\u00e8re encore et encore, \u00e0 mon Tatoo, et \u00e0 ma Choupinette, elle va \u00eatre fi\u00e8re de moi, je suis heureux. J\u2019avance bien, tranquillement, dans mes pens\u00e9es, le bonheur. Puis, venu de nulle part, un \u00ab Hello, \u00e7a va \u00bb me r\u00e9veille et Cyril me d\u00e9pose sur place, il me double \u00e0 belle allure r\u00e9guli\u00e8re. Mais il sort d\u2019o\u00f9 celui-l\u00e0, je ne l\u2019ai pas vu venir. Une fois la surprise pass\u00e9e, je cours, je ne veux pas le laisser partir, pas maintenant. Il est trop fort, je ne peux pas, je suis oblig\u00e9 de le laisser partir, une belle claque !!!! A chaque pointage, on connait le temps de nos pr\u00e9d\u00e9cesseurs mais pas de ceux qui sont derri\u00e8re, j\u2019ai trop g\u00e9r\u00e9, je me suis perdu, mais m\u00eame sans ces petits al\u00e9as, il m\u2019aurait rattrap\u00e9, c\u2019est la course. Mais ce n\u2019est plus la m\u00eame course, je suis maintenant 3\u00e8me<\/sup>, la derni\u00e8re place sur le podium. Il courrait avec Amandine, elle aussi va arriver, j\u2019en suis s\u00fbr, je flippe. J\u2019ai l\u2019impression d\u2019avoir une cible dans le dos. J\u2019acc\u00e9l\u00e8re comme je peux, je me retourne constamment, elle va arriver, c\u2019est s\u00fbr. Et maintenant la nuit, je ne suis plus tr\u00e8s loin du CP, mais je recommence \u00e0 jardiner, je m\u2019\u00e9loigne de la trace, retrouve la trace, la reperds, la retrouve, je suis fatigu\u00e9, mais il est o\u00f9 ce CP ? Il fait vraiment nuit maintenant, je vois 2 spotlights qui clignotent, ils avaient dit 1 par CP, et si ce n\u2019\u00e9tait pas \u00e7a ? Je suis la trace comme je peux, je me retourne constamment, j\u2019ai peur, peur de me perdre, peur de la nuit, peur d\u2019\u00eatre rattrap\u00e9, je suis tendu et fatigu\u00e9. Je me rapproche du CP, j\u2019ai l\u2019impression qu\u2019un spotlight est sur une grue (c\u2019\u00e9tait une flamme Tendao) j\u2019ai l\u2019impression que c\u2019est derri\u00e8re un mur et que je suis chez des gens (c\u2019\u00e9tait une dune) J\u2019arrive enfin au CP. Je m\u2019arr\u00eate tr\u00e8s peu, Cyril ne s\u2019est pas arr\u00eat\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est b\u00f4\u00f4\u00f4\u00f4\u00f4\u00f4\u00a0!!!<\/strong>\u00a0\u00a0\u00a0<\/p>\n\n\n

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CP8 > Arriv\u00e9e \u2013 km 185<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Franck, le docteur \u00e9tait l\u00e0 pour parler un peu, j\u2019ai pas vu grand monde depuis hier matin, \u00e7a fait du bien. Puis il m\u2019explique le chemin \u00e0 suivre pour traverser ce dernier canyon avant l\u2019arriv\u00e9e. Je suis tr\u00e8s attentif et repars plein de crainte. Surtout ne pas se perdre pour ne pas laisser quelqu\u2019un revenir. J\u2019essaye de tenir une belle allure, mais je suis naze et j\u2019ai peur de me perdre, je ne l\u00e2che pas mon gps des yeux, je suis les pas de Cyril quand je les trouve, \u00e9claire tous les arbustes pour voir des rubalises qui me rassurent. Je vois les rochers, devine la premi\u00e8re entr\u00e9e, je flippe, ce canyon me fait vraiment peur, il fait nuit, mais la lune \u00e9claire un peu, le sable est clair, j\u2019entre, longe les premiers rochers jusqu\u2019\u00e0 l\u2019entr\u00e9e du canyon, je me retourne, je ne vois pas de lumi\u00e8re. Allez Didier, vas-y. L\u2019entr\u00e9e du canyon, le vent qui s\u2019engouffre \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur, siffle, je suis mort de trouille, je dois y aller, allez Didier, vas-y. Le canyon, je suis dedans, je longe le rocher \u00e0 droite, mais pas trop pr\u00eat quand m\u00eame, je flippe, je me retourne, allez, allez, allez, \u00e7a va le faire, bient\u00f4t la fin du canyon, ah non, ce n\u2019est pas l\u00e0, allez. Je cours, marche, je fais ce que je peux, surtout ne pas se perdre. Enfin la fin du canyon, plus que 5 km, toujours pas de lumi\u00e8re derri\u00e8re, allez Didier, c\u2019est bon, tu arrives bient\u00f4t. Soudain le gps sonne, j\u2019ai perdu la trace, oh non, pas maintenant, \u00e7a va revenir derri\u00e8re. Je jardine, je cherche, je suis d\u00e9gout\u00e9, retrouve ta route. Tous les rochers se ressemblent, est-ce le bon ? Je tourne en rond, je m\u2019\u00e9nerve, je ne pense plus \u00e0 la nuit, je veux arriver. Et d\u2019un seul coup, le drame !!!!! En me retournant vers le canyon, une frontale, l\u2019horreur !!! Non, pas maintenant, Cours Didier, Cours !!!!! Et tant pis je cours comme un fou, je longe ce rocher en esp\u00e9rant que c\u2019est le bon, et je cours, et je cours, je donne tout ce que j\u2019ai, je bave, je suffoque, je cours, je cours. Des lumi\u00e8res, un camp, c\u2019est l\u00e0. Je les vois derri\u00e8re, ils sont trois et ils courent, ils vont revenir, d\u00e9p\u00eache-toi Didier, cours !!!!! Je rentre dans le camp, je ne vois personne, pas d\u2019arche d\u2019arriv\u00e9e, pas d\u2019organisateur, et je hurle \u00ab VOUS \u00caTES O\u00d9 ? ELLE EST O\u00d9, L\u2019ARCHE ? \u00bb Je hurle, je hurle, je bave, je n\u2019en peux plus. Des b\u00e9douins sortent affol\u00e9s, me posent des questions, je ne r\u00e9ponds pas, je suis en folie, je viens de comprendre, je me suis tromp\u00e9 de camps, ce n\u2019est pas l\u00e0, je ressors par un trou dans le mur. Ils sont l\u00e0, les 3 lampes qui courent et ils \u00e9teignent leurs lampes, je les vois, je ne les vois plus, ils se moquent de moi. Je regarde ma trace, je suis encore \u00e0 1800 m de l\u2019arriv\u00e9e, ils sont derri\u00e8re, allez Cours Didier, Cours !!! Et je cours, je cours, je donne tout ce que je peux, j\u2019ai faillit tomber plein de fois, mais je continue, je ne les vois plus, ils se cachent les fourbes, c\u2019est pas sympa de faire \u00e7a, et je cours, je cours. Puis d\u2019un seul coup, ils sont l\u00e0, \u00e0 c\u00f4t\u00e9, ils jouent avec leurs lampes, ils me doublent, je les entends rigoler, c\u2019est fini, j\u2019ai perdu. Je les vois arriver au camp plus loin peu de temps apr\u00e8s. Black-out, plus de son, plus d\u2019image pour Didier. J\u2019ai fait tout \u00e7a pour rien, j\u2019oublie tout, le kilom\u00e9trage, le chrono, le lieu magnifique dans lequel je suis, j\u2019oublie tout, je n\u2019ai plus envie. Alors que j\u2019\u00e9tais \u00e0 10\/9\/8 mn \/km je ferais le dernier en presque 18 mn. Toute la fatigue retombe, j\u2019y ai cru tellement fort, j\u2019ai tout donn\u00e9, ils ont \u00e9t\u00e9 plus fort. Je me traine vers le camps pour quand m\u00eame finir, un chamelier vient vers moi avec son troupeau de dromadaire \u00ab this way, my friend, this way \u00bb Non, je ne veux pas faire de chameau, c\u2019est une course, je dois finir, il insiste, je suis un peu plus virulent, \u00ab laisse-moi, je dois finir ma course \u00bb, il insiste, me tourne autours pour que je le suive, NON, je n\u2019irai pas je continue vers le camp. Et je le regarde s\u2019\u00e9loigner, comme si j\u2019avais le c\u0153ur \u00e0 faire du chameau !!!! Mais c\u2019est quoi derri\u00e8re les chameaux, des lampes qui bougent, \u00e7a s\u2019agite l\u00e0-bas, c\u2019est quoi ? J\u2019entends des cri \u00ab cours, cours \u00bb C\u2019est quoi \u00e7a, oh, j\u2019ai entendu Didier \u00ab Cours Didier, Cours !!! \u00bb Mais quel idiot !!!!! Et si je m\u2019\u00e9tais tromp\u00e9 de camp, et si j\u2019\u00e9tais encore 3\u00e8me<\/sup>. Et je cours tout ce que peux vers ces lumi\u00e8res, vers ces cris \u00ab Cours Didier, Cours \u00bb Mais oui, c\u2019est pour moi, je cours, je cours, je pleure \u00ab mais quel c.., quel c.. \u00bb et je cours, je les vois, Choupinette, Maxil\u00e8ne, Ta\u00efna, Marc, ils sont l\u00e0 sous l\u2019arche d\u2019arriv\u00e9e, et je cours, je cours, j\u2019arrive en pleurs, dans les bras de Choupinette et je pleure, je pleure. J\u2019ai fini cette course de malade. Choupinette m\u2019annonce que j\u2019ai fait une course magnifique, je suis 3\u00e8me<\/sup> et je repleure, je suis fatigu\u00e9 mais c\u2019est tellement irr\u00e9el. Moi, le poireau, le p\u2019tit gros, je fini 3\u00e8me<\/sup> de cette folle aventure, un truc de fou. J\u2019avais dans mon sac le bob finisher, le nez rouge et le n\u0153ud papillon avec le maillot du club pour finir en beaut\u00e9, je n\u2019ai pas eu le temps de les mettre. Je demande l\u2019heure, 22 h 30, je m\u2019excuse aupr\u00e8s de Choupinette, mais pourquoi ? Je t\u2019avais dit que je serai rentr\u00e9 pour 22 h, j\u2019ai une \u00bd h de retard, pardon. Eclats de rire, accolades avec tout le monde, je suis heureux. Je suis bien conscient que cette place n\u2019est due qu\u2019\u00e0 la faveur des choix de chacun, soir courir pour accompagner, soit de courir en groupe, ou de rester prudent, mais c\u2019est un gros kif pour moi.<\/p>\n\n\n\n

J\u2019ai encore rat\u00e9 mon sub 40h, je vais \u00eatre oblig\u00e9 de revenir<\/p>\n\n\n\n

Merci \u00e0 Franck, Maxil\u00e8ne, Ta\u00efna, Florentin, Franck, Simon, Bruno et Philippe (on ne s\u2019est pas vus beaucoup) pour cette belle aventure.<\/p>\n\n\n\n

Mention sp\u00e9ciale \u00e0 ma Choupinette qui supporte tout pour mon plaisir, MERCI. Je te aime<\/p>\n\n\n\n

LE BONHEUR<\/strong><\/p>\n\n\n\n